Conférence FD C3RD // VIOLENCES NAZIES ET CRIMINOLOGIE HUMANISTE

58 Rue du port / RS 151
Coordinatrice : Samantha PRATALI
Dans cette conférence, Sacha Raoult expose les fondements d’une criminologie humaniste, inspirée et étendue à partir de la psychodynamique humaniste de Carl Rogers (1961). Cette approche vise à intégrer et transcender les limitations des trois courants principaux en criminologie : le classicisme, le positivisme, et la critique.

Intervenant : M. Sacha RAOULT Membre junior de l’Institut Universitaire de France

Ce deuxième rendez-vous de l’École de Criminologie Critique Européenne -ECCE- propose de confronter la criminologie humaniste aux violences nazies.  

Dans cette conférence, Sacha Raoult expose les fondements d’une criminologie humaniste, inspirée et étendue à partir de la psychodynamique humaniste de Carl Rogers (1961). Cette approche vise à intégrer et transcender les limitations des trois courants principaux en criminologie : le classicisme, le positivisme, et la critique. L’essence de cette perspective, qui émerge actuellement dans la littérature empirique sans avoir été consciemment regroupée dans une école au même titre que les courants précédents, réside dans un changement de focale : passer de l’examen des causes du crime (au sens des mécanismes biosociaux inconscients), à une analyse des raisons conscientes qui sous-tendent les actes criminels. Cette orientation permet de délaisser la recherche d’efficacité pour adopter une démarche dialogique, avec, en pratique, la recherche d’un terrain d’accord entre le criminel et les représentants du corps social, notamment dans la prévention des comportements autodestructeurs.

Il montrera dans un premier temps que littérature criminologique positiviste se heurte fréquemment à des limites dans sa capacité à s’éloigner de l’approche causaliste et à saisir les raisons derrière des phénomènes tels que le djihadisme, le viol, ou le féminicide, mais qu’émerge une réponse non organisée qui a une structure récurrente et prévisible, en lien avec le cadre proposé ici. Le nazisme, en tant que crime probablement le mieux étudié par les sciences humaines, offre un exemple paradigmatique. Cette présentation démontrera d’abord comment la question des « causes” du nazisme a historiquement représenté un enjeu dogmatique et conflictuel majeur, depuis les analyses Lukacs et d’Hayek, jusqu’aux débats contemporains sur l’islamisme. Ensuite, il examinera comment la littérature spécialisée a progressivement évolué vers une quête de compréhension des “raisons” du nazisme, processus ayant pour conséquence de réhumaniser les auteurs de ces crimes. Il réfléchira enfin au cadre général à donner pour unifier ces différentes approches.