Philip Clayton, Ingraham Professor, Claremont School of Theology « Renouveler les rapports entre les sciences et la théologie du point de vue de l’écologie intégrale »

On a souvent dit que le dialogue des sciences et de la théologie a besoin d’une raison d’être pour que l’on puisse apprécier à quel point il est important. Lorsque sous nos yeux la crise climatique est devenue la plus grande menace dans l’histoire humaine, nous pouvons reconnaître quelle est la raison d’être de ce champ disciplinaire. Puisque c’est seulement lorsque le meilleur fruit la connaissance scientifique et les apports les plus profonds de la théologie se joignent que l’humanité est capable de naviguer avec succès au milieu de cette crise. Cette communication voudra explorer Laudato Si’, non seulement en tant qu’exemple positif d’un partenariat entre la science et la théologie, mais comme modèle pour ces deux champs, les invitant comme alliés à travailler ensemble de manière nouvelle. Le pape François a ajouté « intégrale » à la discipline déjà existante de l’écologie. Cette combinaison guide la recherche dans le domaine proprement écologique de manière nouvelle ; mais en même temps, cela ajoute un ressenti éthique, philosophique et théologique, qui ensemble sont essentiels si nous devons réussir face à cette crise environnementale. Comment est-ce que Laudato Si’ pourrait servir de nouveau paradigme pour un tel partenariat ? « Science et théologie » devient une discipline appliquée, qui se penche sur des dilemmes sociaux et politiques brûlants de notre âge, pour lesquels des réponses urgentes sont également à chercher. Parce que les sciences parviennent à prédire avec fiabilité, elles ont une priorité dans l’ordre de la connaissance. La théologie au contraire, met l’emphase sur les questions ultimes en se penchant sur les choses premières de même que les dernières, et en cherchant quelles valeurs peuvent ultimement sous-tendre toutes les autres. Elles se croisent là où les plus profondes valeurs de l’humanité et de l’univers entrent en intersection, en rencontrant la connaissance du monde que nous voudrions la plus développée et précise. En ce temps de crise, comprendre et appliquer cette complémentarité des intuitions scientifique et technologique devient plus urgent que jamais. Lorsque pleinement intégré, ils nous apprendront quelque chose de l’inter connexité dans toute la création, nous aideront à voir pour quelles raisons nous avions perdu quelque chose de cette perception, et le chemin vers une vision holistique de nous-mêmes et du cosmos nous sera devenu plus clair.

Denis Alexander, Emeritus Director of The Faraday Institute for Science and Religion and Emeritus Fellow, St. Edmund’s College, Cambridge « Génétique et théologie »

Le séquençage du génome humain avec ses 3,2 milliards de bases nucléotidiques (ou lettres génétiques), a mis en valeur la vaste quantité d’informations génétiques intégrées dans la personne humaine lors de son développement et, par le biais de l’épigénétique, dans nos vies de tous les jours. Théologiquement, il y a là une expression du Verbe, sans qui « rien ne fut fait de ce qui a été fait » (Jean 1,1-3). Cette immanence de Dieu par le biais du Verbe dans l’ordre créé, mise en valeur également dans la lettre de saint Paul aux Colossiens (Col 1,15-17) et dans la Lettre aux Hébreux (1,1-3), fourni une infrastructure dans laquelle la science de la génétique peuvent être incorporées de façon à mettre en relief leur rôle critique dans l’identité humaine et dans le sens d’une destinée. Et c’est seulement à l’intérieur de cette infrastructure théologique de type christologique que nous trouvons une assurance à l’effet que la génétique sera mise au service de la guérison plutôt que d’un exhaussement solitaire, avec pour but de contribuer à la fructification d’ensemble de l’humanité en tant qu’aspiration centrale. Cette communication passera en revue quatre manières spécifiques par lesquelles la génétique interagit avec l’écologie intégrale : premièrement, l’intégration de la génétique dans la personne humaine par le processus de développement biologique, qui conduit à ce champ d’enquête que l’on appelle la génétique behaviorale humaine ; deuxièmement, l’intégration de la génétique, alliée à l’épigénétique, dans l’amélioration relationnelle rendue possible et favorisée par les relations génétiques familiales ; troisièmement, les applications de la génétique dans la guérison, que l’on intégrera à une vision d’ensemble des sciences biomédicales pour travailler au bien-être humain ; quatrièmement, l’intégration de la génétique dans le soin et la guérison de l’environnement dans un sens plus large, pour tous les organismes vivants dont nous savons qu’ils partagent le même code génétique (avec quelques rares exceptions) et qui sont tous unis dans le même arbre évolutionnaire en partageant les mêmes ressources biochimiques. « Gènes et environnement » sont souvent compris comme deux influences séparées ou même en compétition à l’égard de la personne humaine. Mais biologiquement, ils sont complètement intégrés et l’écologie intégrale doit réfléchir à cette interconnexion supplémentaire entre les êtres humains et le monde naturel. La génétique fournit des intuitions cruciales à l’égard des manières dont ses interactions fonctionnent pour générer ce monde vivant qui a été créé « par lui et pour lui », puisque le Christ « est avant toute chose, et qu’en lui toutes choses se tiennent » (Col 1,16-17).